Pourquoi les professionnels du crédit cochent-ils lorsque les taux d'usure baissent ?
Bruno Rouleau : Rappelons-nous quel est le taux d'usure, c'est un taux légal au-delà duquel une banque ne peut pas accorder de prêt à un particulier. Au-delà, le taux devient usuraire, c'est-à-dire qu'il dépasse les conditions légales autorisées, ce qui est répréhensible d'un point de vue criminel.
Chaque trimestre, le taux d'usure est fixé par la Banque de France, compte tenu des conditions pratiquées au trimestre précédent. Celle du 3e trimestre 2021 vient d'être annoncée, elle prend en compte les taux pratiqués pour le 2ème trimestre 2021 auxquels nous ajoutons une marge de 30%, afin de donner le taux maximum.
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À première vue, la baisse des taux d'usure signifie que les conditions d'emprunt et les taux d'intérêt sont moins élevés.
Cependant, nous sommes dans une situation d'excès, car en baissant les taux d'intérêt, la banque ne gagne plus d'argent. Ce dernier accroît alors sa pression sur les critères d'octroi du crédit, ciblant davantage une population qui lui permet d'être rentable. Par conséquent, il est difficile d'obtenir des crédits pour un plus grand nombre de personnes qu'auparavant.
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Une marge de 30 % n'est-elle pas suffisante pour maintenir la banque en vie ?
Bruno Rouleau : Les 30 % du calcul signifient que si le taux d'intérêt moyen est de 1, le taux d'usure pour le prochain trimestre sera de 1,30.
Ce qui est compliqué, c'est que nous ne parlons pas seulement du taux d'intérêt, nous parlons du taux annuel effectif global (TAP). En plus du taux d'intérêt, le TAEG comprend également tous les coûts et accessoires qui composent l'exécution du fonctionnement et le crédit (frais de dossier, frais de garantie, assurance). C'est ce taux annuel qui est soumis au plafond de verre du taux d'usure. Lorsque vous connaissez les conditions actuelles du marché sur les taux d'intérêt, chaque accessoire occupe une place importante. Le poids de ces coûts et conditions sur l'assurance emprunteur pénalisera largement le calcul global du TAEG et obligera donc les banques à porter une attention particulière à la qualité des emprunteurs sur le risque de provisionnement et de défaut de paiement.
Cela signifie-t-il qu'ils durcissent les conditions d'octroi ?
Bruno Rouleau : Oui. Les banques veulent bénéficier d'une rémunération sans risque, elles doivent donc avoir des taux d'intérêt suffisamment attractifs pour inciter le consommateur à emprunter auprès d'elle, tout en étant rentable et couverte contre d'éventuels défauts de paiement.
Nous sommes confrontés à une situation de crise sanitaire qui peut entraîner une crise économique plus grave qu'elle ne l'est actuellement, puisque nous bénéficions désormais du soutien des pouvoirs publics aujourd'hui. Les banques surveillent l'évolution du secteur et la solidité de l'activité de l'emprunteur.
Ils se penchent sur la durabilité du revenu sur la durée du prêt. La banque est tenue par les autorités de surveillance de veiller à ce que, a priori, le client soit en mesure de rembourser sur les 25 ans ou sur les 20 ans initialement prévus.
Quels conseils faut-il donner aux futurs emprunteurs pour qu'ils réussissent à financer leurs projets ?
Bruno Rouleau : Les faibles taux d'intérêt profitent à tous, c'est le bon moment. Nous n'avons jamais eu de conditions de prêt aussi attrayantes. La normalisation des critères du Haut Conseil de stabilité financière a martelé le sujet obligeant les banques à accorder des prêts sur une durée maximale de 25 ans, et à vérifier que le taux d'endettement des emprunteurs ne dépasse pas 35% du revenu.
Pour éviter le risque de refus, il est nécessaire d'optimiser la présentation de son dossier en sécurisant sa situation professionnelle, en présentant une gestion de compte non sujette à des contradictions ou des remarques de la part de la Banque, et en apportant le plus d'argent possible dans sa contribution personnelle.